ILS EN PARLENT: édition 2022
Une programmation originale à tous égards
Initié par le percussionniste Bruno Tocanne, ce festival invite durant trois jours des formations et des artistes rares comme Alain Blesing, Julia Robin, Catherine Delaunay, Elodie Pasquer, Sophia Domancich, Pierre Perchaud ou François Corneloup
En matière de festivals de jazz, il y a les très gros, genre incontournables, aux affiches connues, installés sur leur réputation et leur histoire. Pas besoin de citer la dizaine de festivals qui de Marciac à Nancy en passant par Coutances et Vienne rythment à leur façon l’année musicale.
Mais en-dessous, ou à côté, se trouve une cohorte d’autres festivals de toutes tailles, de tous styles et dont la ligne « éditoriale » est, quand on y regarde de près, toujours unique ou originale. Parmi ceux qui marquent les esprits par leur longévité et cette volonté d’aller dénicher des musiques autres, des jazz méconnus, bien sûr le Rhino dont la 44ème édition (sic) vient de démarrer, mais aussi Cluny, Parfums de Jazz et combien d’autres.
Miser sur la créativité et sur une volonté constante de rayonner
Il en est d’autres tout aussi convaincants : parce qu’ils misent avant tout sur la créativité et sur une volonté constante d’amener musique, culture et ouverture sur le monde en tous lieux, même les plus à l’écart. Mais plus encore, loin de se fondre dans les tendances du moment, dans les courants musicaux dominants, s’appuyant sur des formations ou des artistes consacrés, ils ont pour point commun de suivre leur propre démarche, qui peut, qui est parfois déroutante à première vue.
Tel est le cas de ce « Jazz (s) à Trois Palis » qui démarre tout à l’heure. Certes, on est loin de Lyon : ce village situé à quelques kilomètres d’Angoulême coule des jours heureux en Charente et organise depuis 4 ans cet évènement musical rapide, dense et original. Il est vrai que le concepteur de « Jazz (s) à Trois Palis » n’est autre que Bruno Tocanne, batteur, percussionniste, qui anima longtemps la scène jazz lyonnaise en y insufflant précisément un regard, une démarche, une ambition autre. On ne risque pas d’oublier les soirées concoctées par Agapes à ce sujet.
Ayant fait sienne la région d’Angoulême il y a quelques années, c’est tout naturellement – on peut l’imaginer en tout cas- qu’il a lancé ce festival.
A l’affiche pour démarrer de vieilles connaissances : le guitariste Alain Blesing, la flûtiste Claudie Boucau et le percussionniste Richard Hery dans ce trio Rhizome. Alain Blesing ? Un parcours hors pair, du rock au jazz dans lequel il plonge arrivé à la trentaine. Une démarche presque logique qui va l’amener à multiplier les expériences et les rencontres : celle de la chanteuse turque Senem Diyici donnant naissance via ce duo à des mélodies autres, celles évidemment avec Bruno Tocanne : on se souvient de « L’Impermanence du doute » et, bien sûr, d’ « Over the Hills », cette création née de l’œuvre de Carla Bley et de Paul Haines que le nonet a pu jouer ces années passées dans plusieurs festivals.
Durant les deux jours suivant, on ne chômera pas. Passant samedi de la contrebassiste Julia Robin en solo (autour de chansons de Joni Mitchell) à la rencontre entre Catherine Delaunay, aux clarinettes éclatantes et inspirées et Tony Hymas, le pianiste. C’est samedi soir aussi que l’on a rendez-vous avec un trio de toute beauté incluant la pianiste Sophia Domancich, la tromboniste Christiane Bopp et le percussionniste Denis Charolles. Enfin, Dimanche, se succéderont Pierre Perchaud, à la guitare solo, François Corneloup dans un exercice solo de saxophone inédit mais riche d’espoirs et, enfin le trio de Clément Janinet (violon), Elodie Pasquier (clarinette) et Bruno Ducret (violoncelle) (...)
- Jean-Claude Pennec /JAZZ'IN LYON
Du jazz alternatif à Trois Palis 13/09
Joli succès pour le 4° festival 27/09
"...Jazz (s) à Trois Palis, Bruno Tocanne et son équipe, avec ses musiciens finement choisis nous maintiennent plus que jamais en espérance…"
Anne Maurellet
La quatrième édition de Jazz(s) à Trois-Palis proposait, à travers sept concerts et une table-ronde, un parcours oblique où l’on pouvait deviner les tensions qui, dans la musique, reflètent celles du monde, et, par elle, leur répondent.
La première année d’un tel festival est un pari, la deuxième une hésitation surmontée, la troisième celle du doute – surtout après sa suspension forcée –, mais à la quatrième reprise c’est un pari réussi : Jazz(s) à Trois-Palis est devenu le rendez-vous des amis, des curieux, de ceux qui ont découvert là, à leur grande surprise, que le jazz n’est pas – plus – ce qu’ils croyaient, quoiqu’ils crussent, et qui reviennent. Ce festival est une occasion de les renseigner sur l’état d’une musique qui passe désormais sous les radars. Les Charentais ont de la chance : à moins de vingt kilomètres d’Angoulême, c’étaient en juin les Rencontres d’Archipels, orchestrées par Dominique Pifarély, et trois mois plus tard c’est donc Jazz(s) à Trois-Palis à l’initiative de Bruno Tocanne. Avec ses rituels déjà, des solos à l’église (forcément du XIIe) et sa visite commentée dans le cadre de la Journée du Patrimoine. On apprendra que les marronniers de sa petite place surélevée – l’ancien cimetière – sont condamnés, et l’on frémit à l’idée que la gangrène du mobilier urbain risque de s’y implanter. On voudrait bien nous rassurer, mais… Des arbres exotiques ? La petite balade qui s’ensuivait menait au Pont de la Meure, où les fidèles de la première heure tentaient de capter l’écho des solos de Jean Cohen et de Fred Roudet qui s’y tinrent la première année [1]. Ramenés par les prés au long d’un chemin jonché des premières noix tombées, on remontait, le temps d’une collation, vers la salle des fêtes à la nuit tombante, habitée elle aussi d’échos qui font la mémoire vivante d’un festival (...)
On fait les choses en grand à Trois Palis (...) - Philippe Allen 03/10/22